Le bio et l’inflation : entre résilience et remise en question

Le bio et l’inflation : entre résilience et remise en question

Dans un monde où la quête de durabilité et de qualité alimentaire occupe une place centrale, l’agriculture biologique poursuit son développement. Pourtant, le bio se heurte à une réalité économique difficile : les produits conventionnels, plus accessibles en prix, restent majoritairement choisis par des ménages confrontés à une inflation galopante. Cette tension entre aspirations et contraintes soulève des questions cruciales pour l’avenir du bio, aussi bien en termes de consommation que de production. Peut-il continuer à incarner une alternative pérenne face à ces défis ?

Une production bio en quête d’équilibre

Ces dernières années, la production bio française a connu une forte expansion, portée par des vagues de conversions ambitieuses. Ce développement a permis non seulement de répondre à la demande nationale, mais également d’exporter certaines productions comme le blé.

Sur d’autres segments, comme celui des protéines végétales (lentilles, pois chiches, soja), qui sont pourtant au cœur des enjeux alimentaires de demain, les volumes peinent à suivre à cause des ravageurs et des conditions climatiques. À cette fragilité de l’offre s’ajoute une demande en berne : la consommation de produits bio en France a fortement reculé.

Le frein du prix pour les consommateurs

Selon le Baromètre 2024 de l’Agence Bio, seulement 30 % des Français consomment des produits bio au moins une fois par semaine, contre 52 % en 2021. Ce déclin est principalement dû à des prix jugés trop élevés. Dans les grandes et moyennes surfaces (GMS), certaines enseignes spécialisées ferment leurs portes, tandis que d’autres acteurs comme les fabricants d’aliments pour animaux bio subissent également les conséquences de cette contraction du marché.

Pour les entreprises ayant investi récemment dans le bio, cette chute de la consommation est un coup dur. Une vague de retour vers l’agriculture conventionnelle pourrait survenir, rendant le tissu économique autour du bio surdimensionné et aggravant les tensions dans la filière.

Une concurrence accrue pour les labels bio

L’essor de nouvelles certifications et labels vient brouiller les cartes. Face à une multitude de mentions valorisant des pratiques durables, les consommateurs peinent à s’y retrouver. Plus de la moitié des non-consommateurs de bio doutent même de la légitimité de ces produits.

Parallèlement, le développement des circuits courts répond à une demande croissante de transparence et de proximité, mais ajoute une nouvelle complexité au paysage alimentaire. Désormais, il n’est plus perçu comme la seule alternative pour consommer de manière responsable. Entre labels concurrents et produits locaux, le choix du consommateur devient de plus en plus fragmenté.

Une réflexion stratégique pour les producteurs

Face à ces incertitudes, être en bio ne garantit plus une protection contre la volatilité des prix. La question du retour au conventionnel se pose avec une nouvelle acuité pour de nombreux agriculteurs. Cette décision, bien que difficile, dépend de plusieurs facteurs :

  • La vision du métier : Pourquoi ai-je choisi le bio ? Est-ce un engagement profond ou une stratégie économique ?
  • Les résultats obtenus : Quels sont les niveaux de prix et les marges réellement atteints ?
  • Les axes d’amélioration : Existe-t-il des leviers pour optimiser ma production ou ma commercialisation ?

Transparence, innovation, circuits courts et sensibilisation des consommateurs seront autant de clés pour redonner au bio sa place dans le paysage alimentaire français.

Agriculture Biologique 2022 : les résultats économiques

Agriculture Biologique 2022 : les résultats économiques

Retrouvez l’analyse économique de la filière agriculture biologique en Vendée, réalisée par nos conseillers experts concernant l’année 2022.

Quels sont les résultats économiques de la filière agriculture biologique en 2022 ?

On note un ralentissement des conversions bio que ce soit sur la Vendée ou au niveau régional.

La consommation des produits bio est en baisse dans les GMS et magasins spécialisés.

Les consommateurs privilégient désormais les produits locaux au bios.

L’inflation pèse sur les comportements d’achats des ménages, même si les prix des produits bio sont moins touchés par cette inflation.

On voit également apparaitre de nouveaux labels alimentaires ou allégations environnementales qui viennent concurrencer le label bio.

Découvrez la suite de cette analyse économique dans la vidéo suivante :

 

https://www.youtube.com/watch?v=ZbQRTIdcTtY

 Les conseillers spécialisés de Cerfrance Vendée

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« Aide bio » : l’aide en faveur de l’agriculture biologique 

Le secteur de l’agriculture biologique est actuellement confronté à des difficultés conjoncturelles

Pour soutenir les exploitations en agriculture biologique, le ministère de l’Agriculture a décidé de mettre en place une aide d’urgence (« aide bio »), dotée d’une enveloppe nationale de 10 millions d’euros. Dans la région Pays de Loire, cette enveloppe s’élève à 1 075 000 euros

Quelles sont les conditions d’éligibilité à l’aide bio ?

Pour être éligibles, les exploitations doivent répondre à certains critères : 

Détenir un certificat « agriculture biologique » au titre de 2023 ou à défaut 2022 

Tirer au moins 80 % de leurs recettes d’activités agricoles du mode de production biologique 

Ne pas bénéficier d’une aide à la conversion à l’AB sur plus de 10% de la SAU (sauf agrandissement ou conversion non simultanée) 

Avoir terminé la conversion de l’exploitation ou bénéficier d’une aide à la conversion (CAB) à l’agriculture biologique sur : 

  • au plus 10 % de la SAU 
  • plus de 10% de la SAU seulement si l’aide permet l’agrandissement de l’exploitation (sans plafond de SAU) 
  • moins de 50% de la SAU afin d’atteindre 100% de production biologique sur l’exploitation et que l’exploitation est dans sa 4ème année de conversion au moins 

Quelles sont les autres modalités pour bénéficier de l’aide bio ?

Des critères de priorisation pour l’attribution de l’aide seront basés sur le taux d’endettement et la trésorerie nette globale de l’exploitation, ainsi que sur un état des flux commerciaux à fournir par les établissements bancaires sur les douze derniers mois. 

Les exploitations seront classées en fonction de ces critères, et les aides seront attribuées aux exploitations les plus en difficulté jusqu’à épuisement de l’enveloppe attribuée à ce fonds d’urgence. 

Quels sont les délais pour faire ma demande ?

La demande d’aide doit être faite obligatoirement par télédéclaration sur ce site au plus tard le mercredi 24 mai 2023 à minuit. 

Si vous êtes concernés et que vous n’avez pas reçu de mail spécifique, pour plus d’informations, n’hésitez pas à nous contacter via l’adresse mail : aidebio2023@85.cerfrance.fr ou au 07.72.23.62.10 / 02.72.78.55.21. 

✏ Emmanuel Bizon – Chargé des Observatoires et Outils Economiques à Cerfrance Vendée

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Références économiques agricoles vendéennes 2021

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✏ Les conseillers spécialisés de Cerfrance Vendée

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Une dynamique moins forte dans les conversions bio 2020

Une dynamique moins forte dans les conversions bio 2020

Le nombre de fermes en Agriculture Biologique (AB) à Cerfrance Vendée continue d’augmenter. 285 adhérents sont engagés dans cette démarche à fin 2020, soit une évolution de +9% par rapport à l’année précédente. Toutefois, la dynamique des conversions bio 2020 ralentit.

Conversions bio 2020 : une dynamique en baisse due à la situation sanitaire ?

La dynamique de conversion, toujours présente, s’est ralentie depuis le printemps 2020. Le contexte sanitaire particulier de cette année a certainement joué un rôle non négligeable. Mais la filière bio cherche aussi à mieux se structurer. Même si le marché bio poursuit sa croissance, les opérateurs sont plus mesurés pour aller chercher de nouveaux producteurs bio.

Les estimations régionales faites par le réseau Bio (CAB*, à partir des données publiées par l’Agence Bio) confirment cette tendance. 740 fermes bio en Vendée (soit + 15 %) représentent désormais plus de 49 000 ha (soit 10,50 % de la SAU vendéenne).

*CAB : Coordination Agrobiologique des Pays de la Loire

Conversion bio 2020 : différentes filières concernées

Les fermes bio à Cerfrance Vendée sont toujours d’une grande diversité (cf répartition ci-dessous) :

  • 30% des fermes sont en élevage bovin (lait ou viande),
  • Une production de volailles est en place dans presque 40% des fermes,
  • Les cultures de vente sont majoritaires dans 40% des cas. Le nombre de fermes céréalières bio continue de progresser.

Les tendances pour 2021 de la conversion bio

A ce jour, on constate un ralentissement ou un décalage des projets de conversions bio ​pour les systèmes déjà en place. Par contre les conversions bio liées à des installations sont en hausse.

Les projets d’installations Bio sont toujours nombreux, à l’image de l’année 2020 : les installations JA bio représentaient 1/3 des installations JA aidées.

L’un des enjeux de la filière concerne les transmissions des fermes bio à céder pour les années à venir : d’une part pour maintenir les terres en bio, et d’autre part pour que la filière puisse poursuivre son développement.

En effet, la consommation des produits bio en 2021 devrait continuer de croître, comme le montre la dernière étude de l’Agence Bio (18e baromètre de consommation et de perception des produits bio en France).

L’enjeu majeur en 2021 sera de maintenir les équilibres sur l’ensemble de la filière Bio, avec de nouveaux opérateurs arrivant sur ce marché.

Des décisions réglementaires et politiques essentielles pour l’avenir de la filière

Les évolutions règlementaires sont significatives au niveau national, notamment sur l’utilisation des effluents d’élevage (Interdiction d’épandage des effluents industriels sur les terres bio), la mise en conformité des bâtiments porcs, et le logement et la sortie des jeunes ruminants (veaux).

Au niveau européen, la nouvelle règlementation entrera en vigueur au 01/01/2022.

Mais le point clef reste l’accompagnement des politiques publiques et l’évolution de la PAC à compter de 2023. Les discussions sont vives actuellement sur ce sujet, et les enjeux sont conséquents pour la pérennité et le développement de l’AB. Les moyens mis à disposition seront-ils à la hauteur des ambitions, tout en permettant de sécuriser et structurer la filière ?

Rappelons seulement les objectifs fixés jusque-là pour la production agricole :

  • 15 % de la SAU française en bio en 2022 (Programme « Ambition bio » coordonné par le ministère de l’Agriculture et les acteurs agricoles)
  • 25 % de surfaces en bio en Europe en 2030 (Commission européenne)

✏ Christelle Guichard – Conseillère spécialisée en Agriculture Biologique à Cerfrance Vendée

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Nouvelle aide à la reconnaissance de l’Agriculture Biologique

Nouvelle aide à la reconnaissance de l’Agriculture Biologique pour 2021 et 2022

Le Conseil régional a confirmé le réengagement d’un dispositif d’aide à la reconnaissance de l’agriculture biologique pour 2021 et 2022.

Le contexte de cette nouvelle aide pour l’agriculture biologique

Celui-ci s’appuie sur l’ancien dispositif d’Aide au Maintien (MAB).

Toutefois, l’année 2020 n’est pas concernée à ce jour.

Ainsi, ce nouveau dispositif reconnaît les impacts positifs de l’agriculture biologique sur l’environnement, au moment des négociations pour la PAC 2023 (lire notre article Contrôle PAC : test du monitoring pour l’examen en continu des parcelles).

Les nouvelles conditions de cette aide pour l’agriculture biologique

Les nouvelles conditions sont donc les suivantes* :

  • Aide annuelle pour les deux années de transition 2021 et 2022.
  • Un plancher minimum de 5 000 € (incluant vos aides MAB; pour les aides CAB cela reste à confirmer). Sous ce seuil, les demandes ne sont pas garanties d’être retenues; il est possible de se tourner vers le crédit d’impôt Bio (cumulable avec les Aides Bio dans la limite de 4 000 €).
  • Le plafond maximum de 7 500 € est conservé (incluant vos aides MAB si vous en percevez).
  • Multiplication des montants par transparence GAEC jusqu’à 4 associés.
  • Demande à faire pour 2021 lors de votre déclaration PAC, via l’aide « MAB » sur les parcelles de votre choix.

*sous réserve d’approbation par l’UE

AB : Agriculture Biologique

Aide MAB = Aide au maintien à l’AB

Aide CAB = Aide à la conversion à l’AB

Christelle Guichard – Conseillère spécialisée agriculture biologique à Cerfrance Vendée

Le bio et l’inflation : entre résilience et remise en question

Crédit d’impôt agriculture biologique reconduit

Le crédit d’impôt agriculture biologique est reconduit jusqu’en 2022, alors que les mesures devaient initialement s’arrêter fin 2020. Le crédit d’impôt agriculture biologique est cumulable avec celui de l’HVE.

Les exploitations agricoles ayant au moins 40% de leurs recettes relevant du mode de production biologique, peuvent bénéficier d’un crédit d’impôt de 3500 €. Ce crédit peut être cumulé avec d’autres aides européennes en faveur de l’agriculture biologique, dans une limite globale de 4000 € par an.

Comment effectuer la demande ?

Retrouvez ICI une fiche technique proposée par le GAB qui donne toutes les informations utiles.

Recherche de financement pour un projet de filière Bio

Recherche de financement pour un projet de filière Bio

L’Agence BIO gère le fonds de structuration des filières biologiques en France. Elle a pour objectif d’accompagner financièrement des acteurs économiques qui ont des projets impliquant des partenaires à différents stades de la filière, engagés sur plusieurs années. Il complète des dispositifs d’aides publiques existants.

Ce fonds passe de 8 à 13 millions d’euros par an, en 2021 et en 2022, avec le plan de relance gouvernemental et son volet « transition agricole ». Une opportunité pour vos projets en bio !

Vous avez jusqu’au 12 janvier 2021 pour déposer votre réponse à l’appel à projet du Fonds Avenir Bio.

Une dynamique moins forte dans les conversions bio 2020

L’agriculture biologique : tendances économiques et étapes pour la conversion

Il existe une vraie dynamique dans les conversions à l’agriculture biologique en Vendée, constatée et accompagnée à Cerfrance Vendée. Pour l’agriculteur qui rentre dans cette démarche, l’évolution de son système de production est d’abord une réflexion vers un changement en profondeur. Chaque projet est différent et nécessite d’être anticipé et préparé.

Les conversions bio se poursuivent en 2019 dans l’ensemble des productions

Le nombre de fermes bio à Cerfrance Vendée est en augmentation continue avec une évolution de +20% par rapport à 2018. Les systèmes de production concernés sont d’une grande diversité, comme le montre la répartition ci-dessous des adhérents bio de Cerfrance Vendée.

Les estimations régionales faites par la CAB* confirment que la dynamique de conversion bio perdure pour la 3e année consécutive (chiffres des conversions réalisées entre le 15 mai 2018 et le 15 mai 2019). On y retrouve également l’hétérogénéité des productions en Pays de Loire, avec d’autres filières bien représentées telles que les fruits & légumes et la viticulture.

Estimations 2019 des nouvelles conversions bio en Pays de la Loire (source CAB) :

*CAB : Coordination Agrobiologique des Pays de la Loire

La conversion Bio est une transition à préparer

Des questions essentielles se posent avant d’entamer la démarche de conversion :
  • Quelles sont les raisons de cette évolution, pourquoi ce passage en bio ?
  • Quels changements cela va entraîner sur le système et sur les personnes ? Notamment en ce qui concerne le cahier des charges, le contexte filière, le temps de travail nécessaire… 
  • Quelle est la prise de risque ? Quels sont les freins actuels ou les difficultés à venir?
  • Quelles sont les étapes d’une telle démarche ? Où trouver les réponses ?
  • A quelle date démarrer sa conversion ?
  • Quel type de conversion choisir (simultanée ou non), dans le cas d’une activité laitière ?

Répondre à ces interrogations peut demander du temps ; mais cette réflexion est indispensable pour mûrir et affiner son projet au mieux.

L’agriculteur trouve une grande partie des réponses dans les échanges entre producteurs d’une part, et dans les appuis des partenaires d’autre part. On peut souligner des moments clefs : rencontre entre pairs, visites de fermes, portes ouvertes, formations, diagnostic personnalisé, étude technico-économique prévisionnelle… Ceux-ci permettent également de lever certains freins psychologiques.

Pendant la phase de conversion, le système évolue de façon plus ou moins importante, en fonction de la situation de départ et des choix réalisés :

C’est notamment le cas en productions végétales et fourragères, ainsi que dans la mise en place du pâturage.

Les appuis techniques sont nécessaires, tout comme les échanges entre producteurs qui permettent de se réassurer. En effet, les repères technico-économiques changent! On peut citer quelques exemples en référence :

  • En production bovine laitière, le rendement laitier moyen bio 2019 est de 5 800 litres/vache ; alors qu’il est à 7 500 litres/vache en système conventionnel (données Cerfrance Vendée).
  • En céréales, le rendement moyen bio 2019 en blé tendre (majoritairement en association avec pois et/ou féverole) est de 33 q/ha pour un repère à 73 q/ha en production conventionnelle.  De même en maïs bio irrigué avec un rendement 2019 moyen de 70 qx/ha, alors qu’on se situe à 95 q/ha en système conventionnel (données Cerfrance Vendée).

D’un point de vue financier, les investissements liés à cette démarche sont généralement limités (bineuse, herse étrille, faucheuse, clôtures, abreuvement…) et des subventions permettent d’en limiter l’impact (notamment PCAE). Mais la gestion de la trésorerie reste l’un des principaux points de vigilance pendant la phase de conversion Bio !

L’aspect main d’œuvre est également à prendre en compte; les impacts sur le temps et l’organisation du travail pouvant être conséquents.

Christelle Guichard, Conseillère Bio à Cerfrance Vendée

Lait bio : Une consommation boostée dans un marché chahuté

Lait bio : Une consommation boostée dans un marché chahuté

Les bonnes nouvelles

Le lait bio profite de la crise de la Covid-19. La consommation progresse partout en Europe et plus encore en France sur cette période (+22% sur le mois de mars 2020 par rapport à mars 2019 pour les laits liquides par exemple). Plusieurs spécificités expliquent cette tenue de la consommation du bio :

• une consommation portée par les ménages (+ de 90%) avec peu de débouchés en RHD,

• un marché national avec peu d’exports, moins sensible aux contraintes logistiques douanières et sanitaires,

• un engouement pendant la crise pour les débouchés traditionnels du bio : les magasins de proximité et spécialisés, de même que la GMS où les MDD et marques leaders (Danone…) implantées dans ces lieux sortent renforcées dans l’acte d’achat des ménages,

• un mix-produit du marché bio favorable en situation de confinement. En effet, les produits « cuisinables » y sont en bonne place : le lait liquide représente 25% de la collecte, le beurre 20% (contre respectivement 9 et 18% pour l’ensemble de la collecte lait conventionnel). Les fromages représentent seulement 9% de la collecte contre 33% pour la filière lait ce qui fait que le bio souffre peu de la mévente observée sur les fromages AOP par exemple.

Cette dynamique de la demande permet malgré la crise sanitaire d’absorber la forte croissance de l’offre de ces dernières années.

On comptait environ 2 000 exploitations en 2015, elles sont 3 650 en mars 2020. Désormais, 7% des exploitations laitières françaises sont en bio avec plus d’1 milliard de litres de lait produit. La bonne tenue du prix aux producteurs (491 €/1000 l sur ce premier trimestre) et les perspectives 2020, malgré la baisse saisonnière à venir (prix proche de l’an dernier), incitent aux conversions et à produire plus par point de collecte (la collecte a doublé en 6 ans).

Le défi du bio : veiller à l’équilibre structurel offre / demande

Malgré cette bonne tenue de la demande, l’engorgement guette et si la matière grasse du lait bio reste bien valorisée, la matière protéique se heurte toutefois à plus de difficultés. Déjà, du déclassement est opéré pour des raisons certes techniques, mais aussi pour soutenir le prix ; 22% du volume produit ce printemps est déclassé. Mais attention, trop utilisé, l’outil de déclassement obérerait le prix moyen pour le producteur. Une incitation à réduire la production est sollicitée par nombre d’acteurs dont Biolait (qui pèse 35%des  volumes collectés) pour parvenir à cette alchimie de l’équilibre.

Les questions posées :

La filière bio française termine la « digestion » de la vague de conversions initiée en 2015-2016 avec un certain panache. Elle s’est structurée autour de quatre entreprises qui totalisent près de 80% du lait bio collecté. Cette structuration donne des moyens pour agir et apporter des réponses aux questions ci-dessous.

 Le pouvoir d’achat des consommateurs : quel est l’impact d’un moindre pouvoir d’achat sur la demande de lait bio ?

La protection naturelle du marché français : le Danemark et l’Autriche sont devenus exportateurs de lait bio en UE. Le marché français, assez imperméable jusqu’à présent, pourra-t-il rester captif durablement ?

 La crise, vecteur de conversions : les déconvenues attendues de nouveau sur le prix du lait conventionnel vont-elles générer un nouvel afflux des conversions comme en 2016 ?

La standardisation des produits en magasin : le nombre de références produits bio a été réduit en magasin. Cela a favorisé les MDD et les grandes marques nationales. N’est-ce pas une stratégie limitative de la valeur ajoutée à terme ? Une nouvelle période de segmentation, fondée par exemple sur une demande de RSE formulée par les consommateurs de bio, va-t-elle s’ouvrir ?

Le prix payé au producteur : l’Allemagne, premier producteur européen de lait bio, connaît un tassement du prix sur 2018 et 2019 malgré une moindre croissance de la production comparée à la France. Connaîtrons-nous une évolution similaire en France ?

Autant d’interrogations dont il faudra suivre les réponses pour se représenter ce que seront les lendemains du bio.

Jean-Yves MORICE – Veille économique agricole CERFRANCE

Agriculture Biologique 2022 : les résultats économiques

Résultats économiques : agriculture biologique

Cette étude présente les résultats technico-économiques et financiers des
clôtures 2018 des exploitations en production biologique rencontrées au niveau des régions Normandie et Pays de La Loire.

Ils vous permettent de vous situer en termes :

  • d’excédent brut d’exploitation (EBE) et de résultats
  • d’indicateurs de développement durable
  • de marge brute.

Veille et tendances sur les marchés agricoles vues par les experts et la place de la production française dans un marché globalisé.

Veille et tendances sur les marchés agricoles vues par les experts et la place de la production française dans un marché globalisé.

La tendance à la libéralisation des marchés a marqué les dernières
décennies. L’Union Européenne poursuit cette tendance avec les
accords du CETA et du Mercosur, où toutefois l’enjeu se focalise
clairement autour des normes sur les modes de production. Prélude
à une nouvelle conception en matière d’échange ? Nous voyons de
grands pays agricoles, qui ont tout à gagner à la liberté des échanges,
conduire des politiques qui évoluent vers moins de libéralisme : le
cas des USA à ce titre est majeur et le blocage des instances de
l’OMC ne va faire qu’accentuer le phénomène. Les grands pays
d’Asie, quant à eux, prennent conscience que les produits agricoles
doivent avoir un traitement à part dans la mondialisation.
Les pays importateurs du Maghreb freinent leur ouverture aux pays
de la Mer Noire car ils craignent d’être dépendants de zones dont ils
connaissent mal les enjeux. On entend à nouveau parler de contrats
étatiques qui engageraient des qualités et des volumes pour limiter
les fluctuations de prix au consommateur.

Références économiques agricoles Vendéennes – édition 2019

Références économiques agricoles Vendéennes – édition 2019

Télécharger gratuitement les références économiques agricoles Vendéennes toutes productions : lait, viande, chèvre, volaille, lapin, porc, culture,  bio. 

Pour accéder aux parties détaillées suivez le sommaire ci-dessous:

-Références économiques agricoles vendéennes 2019 : Filière Caprine

-Références économiques agricoles vendéennes 2019 : Céréales

-Références économiques agricoles vendéennes 2019 : Production laitière

-Références économiques agricoles vendéennes 2019 : Cuniculture

-Références économiques agricoles vendéennes 2019 : Production Porcine

-Références économiques agricoles vendéennes 2019 : Production de viande bovine

Références économiques agricoles vendéennes 2019 : Aviculture