Le revenu disponible moyen 2018 reste limité pour les systèmes céréaliers. Par contre, il existe de nombreuses disparités en fonction du secteur d’exploitation (marais, plaine, bocage), du potentiel agronomique ou encore de la dimension / UTH.
Les indicateurs de marché en France sont positifs. Le prix du lait se maintient à un bon niveau. Après l’année 2017 marquée par des investissements importants dans les élevages caprins, en 2018 les projets semblent plus modérés. La maîtrise technique ou les accidents sanitaires expliquent les écarts de résultat. Les fourrages 2018 de faible qualité pourraient freiner la production de début de campagne 2019.
Un marché déséquilibré, une consommation en baisse, des importations en hausse, pression sociétale sur le bien-être animal, la filière veaux a été fortement chahutée en 2019 avec des conséquences plus ou moins directes sur les éleveurs.
La période récente ou la filière affichait une certaine stabilité et était en recherche d’éleveurs semble pour le moment derrière nous.
La filière veaux peut
malgré tout attirer encore des nouveaux investisseurs avec un renouvellement
important à prévoir au regard de la pyramide des âges et un travail important
sur la réduction des astreintes de travail et la sécurisation des
investissements via des contrats.
Plusieurs facteurs pour une conjoncture assez difficile :
La filière française doit faire
face à une baisse de la consommation de
veaux avec une viande qui a du mal à trouver sa place dans un contexte
exposé au bien-être animal et avec une population de consommateurs vieillissante
qui se renouvelle peu. La nouvelle réglementation sur les promotions dans le
cadre de la loi EGALIM a aussi eu un impact sur les volumes avec moins de promotions
possibles.
Face à cette consommation en
baisse, l’érosion de la production a
atteint 16 % en 8 ans avec des arrêts de producteurs non entièrement
remplacés. Mais depuis mi-2018, la baisse de consommation s’est aussi
accompagnée d’une hausse des
importations de 4 à 5 000 têtes par mois qui sont venues encombrées un
marché déjà difficile. Les départs retardés en ferme ont entrainé une hausse
des poids d’abattage de l’ordre de 3 kg / veaux malgré le ralentissement des
plans d’alimentation
Dans ce contexte, les cours ont chuté en 2019 de 0.60 € / kg
soit – 11 % par rapport à 2018 et – 12 % par rapport à la moyenne sur 5
ans. Les cours amorcent une légère
hausse depuis la semaine 35 mais l’assainissement total du marché n’est pas
espéré avant 2020 avec une légère reprise de la consommation et une baisse des
mises en place de 2 %.
Des
marges brutes stables depuis 2-3 ans
Il existe deux systèmes différents pour l’élevage de veaux
de boucherie en Vendée :
Un
système dit libre ou l’éleveur achète ses veaux et son aliment
Un
système à la commission ou l’éleveur n’est pas propriétaire des veaux et
l’opérateur paye l’aliment.
Il existe 2 types de contrat à la commission : à
l’animal produit ou à la place. Dans ce deuxième cas, les éleveurs sont rémunérés
par un fixe par place et par jour même pendant la période de vide. Ce dernier
type de contrat permet d’être moins impacté par un allongement des vides.
Certains contrats prévoient que les éleveurs touchent un bonus en fonction des résultats techniques moyens
de plusieurs lots.
Les marges veaux ont progressé il y quelques années afin de
compenser la baisse des aides PAC. Elles sont relativement stables depuis 2-3
ans avec une fourchette de Marge Brute
de l’ordre de de 100 € à 130 € / veau soit environ de 170 à 220 € / place pour
une base de 1.70 veaux / place en moyenne. La crise de 2019 a eu pour effet
un allongement important des vides pour certains opérateurs
Quels enjeux pour la filière demain ?
Veaux de boucherie: Enjeux sociétal fort
La pression est forte des associations pour le bien-être animal. Par exemple, L214 a
fait un espace dédié sur son site internet octobre 2019. Malgré les efforts
important de la filière depuis quelques années (cages collectives, alimentation
à base de fibres), l’élevage de veaux est toujours critiqué et doit communiquer fortement pour faire connaitre l’évolution de ses
pratiques.
Quelle stratégie des Pays-Bas ?
Une part important des opérateurs français sont directement ou
indirectement dépendant de firmes
importantes des Pays-Bas. L’augmentation des importations de veaux
Hollandais a donc été très mal perçue par la filière française qui accuse ces
firmes de faire le jeu des éleveurs Hollandais. Le marché Hollandais est sur
des veaux plus lourds avec peu de consommation intérieure et beaucoup de
production pour l’export.
Des veaux laitiers de qualité
Un des enjeux de la filière veaux
est la disponibilité en veaux laitiers ou croisé de qualité. La faible rémunération
des éleveurs laitiers n’incite pas pour le moment à des efforts dans ce sens et
des démarches ont été faites en direction des producteurs de lait avec un
faible impact pour le moment.
Quelles perspectives pour les éleveurs en 2019 ?
Certains éleveurs ont investis récemment en Vendée avec des
outils performants qui permettent d’avoir des résultats techniques correct et
avec une pénibilité du travail fortement réduite (chariots pour distribuer le
lait, alimentation automatique pour la fibre, pilotage des bâtiments). Avec ces
investissements couteux (de 1 250 à
1 350 € / place soit environ 500 000 € pour 400 places), les éleveurs
doivent avoir une certaine garantie de marge / place pour dégager un revenu
correct.
Après une période difficile début 2019, le retour à l’équilibre est attendu avec des efforts importants pour relancer la consommation sur l’évolution des modes de consommation (hachée, grillades) mais il faut sans doute être vigilant sur le développement futur à moyen terme.
Les 6 derniers mois ont été marqués par une forte évolution des prix de vente en lien avec la demande du marché chinois
Le prix a progressé de 30 % par
rapport à la même période de 2018. Cette embellie s’accompagne d’une détente
sur le cours des matières premières avec un retour au prix de 2017. Quelle
stratégie pour les éleveurs dans un contexte favorable : investir dans des
outils neufs ou réfléchir à mieux valoriser leur production dans un contexte très
volatil ?
Une conjoncture très favorable liée à une demande chinoise sans précédent:
Le prix du Porc a été stable à un
niveau très bas pendant 18 mois jusqu’à mars 2019. Il a ensuite progressé
régulièrement de 1.20 € / Kg à 1.70 €/kg à la fin de l’été (Prix de base 56
TMP). Le prix est clairement dopé par le marché chinois ce qui a permis de
maintenir un niveau haut cet automne malgré la baisse de consommation
saisonnière. Les prix en Chine se stabilisent autour de 3 € / kg et le porc de
l’UE reste très compétitif sur ce marché. Les exportations de l’U.E. vers la Chine
ont progressé de 45 % sur les 7 premiers mois.
Le contexte de consommation en
France n’est pas porteur avec – 4.3 % sur le porc frais et – 2.3 % sur le
jambon pour les 7 premiers mois de 2019. Les salaisonniers ont des difficultés
pour répercuter la hausse de la matière première au GMS ce qui fragilise leur
situation financière.
Le facteur export est si
important qu’il écrase les autres facteurs. Le réveil en cas de retour à la
normale sur le marché chinois sera donc brutal mais la demande chinoise sera
sans doute forte encore pendant plusieurs mois.
Des marges brutes pour les clôture du 30 septembre 2019 proche de 1 000 € / truie.
Le prix payé (Prix de Base + Plus-Value) sur 12 mois pour les clôtures de septembre 2019 atteint 1.55 € soit un niveau proche de 2017. Dans un contexte d’amélioration technique et un prix d’aliment en hausse de 10 % par rapport à 2017, la marge brute est proche de 1 000 € / truie pour les NE en Vendée.
La hausse / 2018 est de l’ordre de 400 € / truie soit 60 000 € pour un élevage de 150 truie NE.
Le prix payé s’établit environ
0.10 €/kg au-dessus du coût de revient moyen ce qui va permettre de consolider
les trésoreries après une année 2018 difficile. Cet écart représente plus de
30 000 € pour un NE de 150 truie.
Quels enjeux pour la filière demain ?
Loi Egalim, quelle application ?
La mise en place de la loi a été
perturbée par l’envolée des cours. Les salaisonniers ont clairement des
difficultés pour répercuter les hausses des matières premières sur les produits
vendus en GMS. Une trop forte hausse des produits à base de porcs peut aussi
avoir une incidence sur la consommation
Importation
L’augmentation de l’export de la
Chine ne doit faire oublier que la France importe 580 000 T de viande de
Porc (dont 300 000 T d’Espagne et 100 000 T d’Allemagne). Le solde
commerciale est positif en volume mais déficitaire en valeur avec l’importation
de jambon. Les prix européens élevés renforcent aussi la santé financière de
nos concurrents européens et l’enjeu reste important pour maintenir nos outils.
Une différenciation
des débouchés
Les opérateurs locaux sont
toujours en recherche de valorisation sur le marché du porc par des signes de
qualité afin d’améliorer les marges et moins dépendre du marché européen ;
Des contrats tripartites (Groupement-Abattoir-GMS) se mettent progressivement
en place.
Quelles perspectives pour les éleveurs en 2019 ?
Le nombre de truies est en baisse
de 2.8 % 2019 au niveau de l’UE avec des baisses plus marquées sur l’Allemagne
(-3 %) et le Danemark ( – 3.3 %) en lien avec des pressions environnementales. Seules
l’Espagne progresse en 2019 (+ 1.6 %). Le cheptel français reste sur la
tendance baissière des dernières années (- 2.5 %). Le volume produit reste globalement
stable en UE avec la hausse de la productivité par truie.
La pression de la Fièvre Porcine
Africaine reste forte dans le nord de la France avec des recommandations
sanitaires des opérateurs, en particuliers sur les porcs plein-air.
La question à moyen terme pour les éleveurs est le niveau d’investissements. Le coût de rénovation ou des bâtiments neufs est élevé mais il permet d’améliorer souvent les critères techniques. La rentabilité se raisonne sur 10 à 15 ans et quelles sont les perspectives de prix si la production interne chinoise repart ?La forte volatilité des cours ces dernières années n’encourage pas à la reprise des exploitations avec un manque de visibilité sur le long terme. Les efforts financiers peuvent aussi être engagés pour améliorer la plus-value et être moins dépendant du marché (Porc label, porc bio, autonomie sur alimentation)