Covid-19 : quelles sont les mesures spécifiques à prendre quand on est agriculteur ?

Covid-19 : quelles sont les mesures spécifiques à prendre quand on est agriculteur ?

La MSA a créé des fiches pratiques par secteurs d’activité et filière. Nous vous invitons à vous y référer, rendez -vous ICI.

Difficultés financières

Si vous rencontrez des difficultés économiques liées à la crise sanitaire, vous pouvez vous signaler à la cellule d’accompagnement des exploitants agricoles en difficulté via le formulaire en ligne sur le site de la DDTM.

Vous pouvez également contacter L’association Solidarité Paysans 85 au 06 17 85 03 97 ou le pôle Réagir de la CGA au 02 51 36 83 76.

Éligibilité au fonds de solidarité

En tant qu’exploitant agricole, vous pouvez prétendre au fonds de solidarité.

Le respect des règles d’éligibilité s’apprécie au niveau de chaque associé. La perte de chiffre d’affaires est celle du GAEC, répartie entre les associés pour déterminer le montant de l’aide qui est plafonnée à 1500 € par associé.

Un formulaire spécifique de déclaration est en ligne, il est accessible depuis votre espace particulier impots.gouv.fr

Retrouvez les réponses aux questions des entrepreneurs dans ce contexte particulier sur notre blog créé spécialement pour vous.

Céréales et pailles : observation des maladies

Céréales et pailles : observation des maladies

Les floraisons des blés s’entament ou se poursuivent selon les situations et les dates de semis. Le contexte météo de cette semaine est favorable au blé et permet de limiter les maladies.

Pour les blés tendres, un fongicide à DFE a déjà dû être réalisé avant les pluies, ce qui devrait être suffisant pour la fin de cycle si le temps ensoleillé se poursuit. dans les cas où il n’y a pas eu de traitement parce que la situation le permettait, la surveillance reste de mise pour les maladies de fin de cucle comme la rouille brune (Var sensible : Filon, Cellule, Nemo, Mutic…).

Pour les blés durs qui entrent en fleurs, un traitement anti-fusariose reste à envisager dans certains cas bien qu’il y ait du beau temps. Des essais dans le marais, démontrent que ce fongicide est majoritairement rentabilisé même en période sèche. Le traitement à floraison permet aussi de protéger contre les rouilles de fin de cycle et peut faire un relai septoriose dans les parcelles les plus à risque.

Pour toute question ou demande sur ce sujet, n’hésitez pas à contacter nos spécialistes en agronomie au 06 44 22 54 57 ou à agronomie@85.cerfrance.fr.

Grandes cultures : Confinement

Grandes cultures : Confinement

Le blé

Les bonnes nouvelles viennent des marchés internationaux

Depuis 2 mois, l’inquiétude face à l’épidémie déclenche un réflexe de stockage des denrées de base. En France, les consommateurs se sont d’abord rués vers les pâtes, puis vers la farine. A une autre échelle, des pays importateurs, tels que l’Algérie ou l’Égypte, ont multiplié leurs achats de blé. D’importants exportateurs ont plafonné leurs sorties, notamment la Russie et l’Ukraine. Ces mouvements ont mis les marchés sous tension, les cours mondiaux montent depuis mi-mars, retrouvant leur niveau de mi-janvier. La compétitivité du blé français s’améliore et lui permet de très belles performances à l’export (+23% / N-1).

Cependant, le débouché panification est très impacté par la fermeture de la RHD

Ainsi, le débouché panification est révisé à la baisse de 6% sur l’année, du fait de la chute de la demande en boulangerie artisanale et industrielle. Ce segment pèse 90% des ventes de farine. Sa diminution ne pourra que partiellement être compensée par les efforts des meuniers pour réallouer les volumes vers la demande en farine des consommateurs. Faute de chaîne d’ensachage ou confrontés à des difficultés dans l’approvisionnement en sachets de 1 kg et à la saturation de leur outil, ils proposent souvent des conditionnements de 5, 10, voire 25 kg en grande surface.

L’orge

La bonne nouvelle ne concerne que l’orge fourragère

Les exportations de grain sont dynamiques (+ 20 % / N-1), avec une bonne tenue du débouché fourrager et une demande accrue des pays tiers. L’utilisation française en alimentation animale se maintient.

Mais l’orge de brasserie est mise en difficulté par les conséquences du confinement

La fermeture des bars, restaurants, et l’annulation des événements sportifs et des festivals font chuter drastiquement la consommation de bière et entraîne la chute des volumes transformés en malt pour le marché national et l’export (respectivement -7% et -4% / N-1). Le marché, déjà attentiste avant la crise sanitaire, se maintient à un bas niveau.

Les stocks d’orge et de bière sont importants. L’Association des brasseurs de France évalue à 10 millions de litres les stocks, dont la majorité devra être détruite. En effet, la bière en fut à une durée de conservation de seulement 6 mois. Restent les stocks d’orge dont les perspectives de valeur sont sombres.

Perspectives

Si certains brasseurs ont réagi en développant de nouveaux segments (bières bouteilles en grande surface ou vente directe), cette crise fera sans doute disparaître des centaines de brasseries, surtout parmi les plus récentes (60% des 2 000 brasseries françaises ont moins de 3 ans).

Le colza

La bonne nouvelle vient de la demande en tourteau non-OGM

La chute du cours du pétrole liée au confinement généralisé entraîne une baisse spectaculaire des cours mondiaux des matières premières liées au prix de l’énergie (maïs, sucre, huiles végétales). En dépit de la perte de débouché en biocarburant, la graine de colza française est épargnée par la crise grâce à la demande soutenue en tourteau non-OGM et à une offre minorée depuis plusieurs années. Dans l’attente d’une récolte européenne faible en 2021 et d’une demande en alimentation animale et humaine soutenue, le marché du colza, ou du moins ce qu’il en reste, tire assez bien son épingle du jeu : après avoir connu une chute de presque 50 €/t en un mois avec le pétrole, les cours se sont repris.

Le maïs

Mauvaise nouvelle, même si elle est tempérée par la demande fourragère

Le prix du maïs français, compétitif face au blé tendre, est maintenu par les importantes demandes fourragères française et européenne. Il baisse dans le sillage de la chute de consommation des biocarburants, mais nettement moins que le maïs américain.

 À la suite des difficultés rencontrées à l’automne et au printemps pour semer les autres cultures, le maïs a parfois été l’ultime recours. Cela explique en partie que la surface emblavée ait augmenté de 11% sur cette campagne. La hausse de production risque de peser sur les cours.

Ne pouvant compter sur le soutien de la demande mondiale en carburant, la rentabilité de la culture semble bien difficile à atteindre cette année.

Mathilde SCRYVE – Veille économique agricole CERFRANCE

Porc : Turbulences sur le marché

Porc : Turbulences sur le marché

Le marché porcin vit une période tourmentée et paradoxale. Les prix restent supérieurs à ceux d’il y a un an grâce à une demande toujours tirée par le phénoménal appel d’air chinois. Malgré tout, la pandémie de la Covid-19 a bouleversé les marchés nationaux, conduisant à une baisse marquée des cotations européennes, et encore plus, nord-américaines.

Les bonnes nouvelles

Au mois d’avril 2020, le prix du porc payé au producteur est 8,2% supérieur à celui d’il y a un an. Sur l’année 2019, le prix moyen est en hausse de 25% comparé à 2018. Depuis le 2e semestre 2019, les résultats comptables des élevages sont très bons. L’année 2020 s’annonçait tout aussi prometteuse, n’eût été le coronavirus.

Cependant…

A l’échelle européenne, bien que l’offre ne soit pas surabondante, toutes les places de marché connaissent des baisses de cours importantes depuis la mi-mars.

• La demande intérieure est fortement perturbée par les mesures de confinement, en particulier la fermeture de la restauration hors domicile.

• À cela s’ajoute la difficulté pour les abattoirs de fonctionner avec des mesures de distanciation et une main-d’oeuvre réduite.

• Le marché du jambon est tendu, les congélateurs, notamment en Italie, étant pleins. Estimation des prix moyens payés éleveurs

Estimation des prix moyens payés éleveurs

Pourtant la Chine est toujours aux achats. Sur le premier trimestre 2020, ses importations de viande fraîche et congelée ont été multipliées par presque 2,8. L’Union Européenne reste son premier fournisseur devant les États-Unis et le Canada. Mais les difficultés respectives des uns et des autres lui permettent de faire jouer la concurrence pour accentuer la pression à la baisse.

Au niveau français, après avoir résisté au cours des premières semaines de confinement, le cours dévisse rapidement pour devenir, à partir de début mai, inférieur à son niveau de l’an dernier.

• Les dernières séances de vente au Marché du Porc Breton ont vu un nombre important de porcs rester sans enchère. Conformément au règlement du marché, les abatteurs se répartissent ces animaux mais la situation pèse dans les cotations suivantes.

• En France, comme en Espagne ou en Belgique, l’augmentation du poids des animaux à l’abattage traduit le manque de fluidité du marché.

Les États-Unis sont dans une situation particulièrement difficile. Courant avril, la multiplication des cas de coronavirus dans les abattoirs a contraint une vingtaine d’entre eux à fermer temporairement, privant les éleveurs de débouchés pour l’abattage de leurs animaux. Certains ont dû se résoudre à euthanasier des porcs charcutiers ou porcelets, et faire avorter des truies. Au final, une baisse d’activité d’environ 30% comparé à la même période de 2019 et un prix en chute, atteignant moins de 1 €/kg quand la moyenne de l’Union Européenne à 28 se situait autour de 1,70 €.

Les perspectives pour le second semestre 2020

Les perspectives du marché porcin à l’horizon de la fin 2020 sont suspendues à l’évolution de la pandémie dans le monde et à ses conséquences économiques et sociales. Outre la désorganisation du commerce, les récessions de grande ampleur annoncées partout sur la planète auront très probablement des conséquences sur la filière porcine comme sur toutes les filières viande, avec un impact d’autant plus important sur celle-ci qu’elle est fortement internationalisée.

La réduction de l’offre pour soutenir les prix ?

Le marché porcin subit actuellement une suite de réactions en chaînes à l’échelle européenne et mondiale. Le niveau important des investissements et le fonctionnement même de l’élevage porcin, par succession de bandes d’animaux dans des bâtiments spécialisés à intervalles de temps régulier, rend extrêmement difficile à court terme un ajustement de l’offre à la demande par les producteurs, à l’inverse de ce qui peut être réalisé dans d’autres productions.

La recherche de valeur ?

En production de porcs conventionnels, la recherche de valeur sur le produit passe par des contrats avec les autres acteurs de la filière qui permettent, outre de s’assurer de l’écoulement de sa production, d’espérer une certaine plus-value. Celle-ci reste cependant limitée et non déconnectée des cotations du porc standard.

Anne BRAS – Veille économique agricole CERFRANCE

Viande bovine : Un maintien inattendu du marché

Viande bovine : Un maintien inattendu du marché

Les bonnes nouvelles

Le marché du broutard vers l’Italie s’est étonnamment maintenu. Il faut dire que la période est plutôt calme en termes d’export.

Les producteurs peuvent arbitrer sur les dates de sortie de leurs animaux mais les possibilités sont limitées à quelques semaines et restent conditionnées à la disponibilité des fourrages dans les élevages qui est très tendue en cette fin de printemps.

 Il faudra surveiller si le courant d’affaires à l’export se maintiendra en juillet quand les broutards sortiront en quantité.

La fermeture de la RHD (écoles, cantines d’entreprises, brasseries…) impacte en premier lieu les viandes d’importations, notamment les vaches laitières d’origine nord-européenne. La viande bovine d’origine française est ainsi moins affectée et demeure pour l’heure en première ligne dans les autres canaux de distribution.

Parmi les autres bonnes nouvelles, la dynamique de consommation de viande de boeuf est restée soutenue depuis le début de la crise (en préemballé). Serait-ce le signe qu’elle reste encore perçue comme un aliment de base et de première nécessité ?

Les démarches de la distribution pour une relation contractuelle avec les producteurs français ont permis de garantir les débouchés. La logique de fidélisation qui sous-tend ces contrats se poursuit malgré la crise.

Cependant…

Il reste le problème des morceaux nobles et des races de haute qualité bouchère qui étaient utilisés dans les restaurants et qui ont du mal à trouver preneur. La production à destination de la restauration hors domicile s’est reportée vers la consommation des ménages :

• la demande des consommateurs s’est renforcée sur la viande hachée pendant les quatre premières semaines de confinement, avec une croissance de 34% en haché frais et +66% en haché surgelé,

• la GMS a fortement diminué son rayon boucherie découpe. L’engouement vers le drive a difficilement permis de maintenir une offre de découpe en frais. Seuls les morceaux piécés sous vide ont progressé. Donc, la filière ne connaît pas de grosse question de volume à ce jour, mais la perspective de réouverture posera la question de la valeur. Pour les JB français, la situation reste sous tension, avec le ralentissement des marchés export et la fermeture de la RHD qui entraînent un report des ventes et du stockage sur pied dans les fermes.

Les perspectives pour le second semestre 2020

Dans la filière bovine, les initiatives de coordination et de mutualisation entre les différentes strates de la filière sont difficiles : chacun, à son propre niveau, essaie de « se débrouiller ». Les crises passent et la filière est toujours aussi peu structurante. Peu d’objectifs partagés. Seule l’activité broutard est quelque peu structurée dans la mesure où elle concerne un produit assez homogène. Pour les activités d’engraissement et les races allaitantes de qualité bouchère, aucune offre homogène ne se dégage. Chacun à sa place essaie de saisir les opportunités (quand le marché est porteur) ou tente de limiter les dégâts lors des périodes de crises (cours des animaux, climat…). Dans ces conditions, quels sont les leviers d’action ?

La réduction de l’offre pour soutenir les prix ?

Les mesures de stockage privé mises en place par l’UE devraient permettre de limiter l’offre bovine dans les prochains mois et stopper la chute des cotations à court terme. Mais le déstockage, à venir, laisse présager une concurrence exacerbée entre les États. Afin de sécuriser ses volumes à l’export, un opérateur irlandais vient de signer un accord avec Lidl pour approvisionner les magasins de la chaîne dans plus de 17 pays européens.

La recherche de valeur ?

Aller plus vite et plus loin sur la contractualisation qui reste un outil vertueux de sécurisation des opérateurs (approvisionnement, prix…) et un outil structurant pour mieux répondre à la demande consommateurs. La recherche de valeur autour de la viande hachée et des produits élaborés doit être un levier à activer par la hausse des prix et une plus grande segmentation du produit.

L’offre étant hétérogène, que ce soit en matière première (animaux sur pied) ou sur la valorisation des différents muscles, il faudrait s’orienter vers des produits finis différenciés. Cela pose la question de la modernisation des outils de transformation (outils abattage et découpe) et de l’organisation des circuits de distribution, pour un engagement collectif vers une différenciation des muscles.

Nathalie VELAY Jacques MATHÉ – Veille économique agricole CERFRANCE