Comment connaître sa structure de sol ?
Avant de choisir notre itinéraire de travail du sol, il est important de bien connaitre l’état structural dans les différents horizons. Cela facilite la prise de décision pour remédier à un problème de tassement (correction par un labour, un déchaumage profond, une fissuration ou un décompactage).
La méthode du mini-profil 3D consiste à prélever un bloc de sol avec les palettes d’un chargeur télescopique ou d’un tracteur équipé d’un chargeur frontal afin d’établir par observation un diagnostic de l’état structural du sol en un temps réduit : diagnostiquer l’enracinement, la structure, les horizons de travail, l’activité biologique.
Fissurer pour amener de la porosité dans le sol et la conserver avec l’enracinement des plantes
L’enjeu de la fissuration ou des outils de décompaction est de réduire les zones de compaction, d’éclater les semelles liées aux passages des outils. Ces semelles peuvent survenir avec un labour en conditions humides, mais aussi avec un déchaumeur ou tout autre outil de travail du sol. Une semelle d’outil provoque une rupture de capillarité du sol et une perte de porosité limitant l’enracinement des plantes, la circulation de l’eau et de l’air. Au final cela bride le potentiel de rendement de la plante et la rend plus sensible aux excès et manques d’eau.
Dans les situations de compaction, l’objectif est de travailler au maximum à 5 cm en dessous de la zone de compaction ou de semelle d’outil (labour, déchaumeur). L’idéal est de combiner fissuration et implantation de couvert. En effet, les chevelus racinaires se développent dans les porosités créées et éclatent le sol, ce qui vient renforcer l’action de décompaction. De plus dans les sols fragiles comme les limons battants qui se referment naturellement avec l’action de la pluie, le chevelu racinaire vient occuper les porosités et il forme un treillis qui évite la fermeture des porosités créées par le travail du sol.
Contrairement au décompacteur qui travaille en éclatant le sol et en bouleversant les horizons, les dents du fissurateur soulèvent un matelas de terre de 20 à 40 cm sans retournement et créent un cône de fissuration. Cette action va réoxygéner le sol et lui permettre une meilleure minéralisation. Pour rappel, en dessous de 10% d’oxygène dans le sol, l’azote disponible n’est pas assimilée.
L’ameublissement du sol doit être raisonné au cas par cas grâce à l’observation du sol : c’est une solution de rattrapage après des conditions de récolte difficiles, sur les zones de passage d’engins et un préalable pour préparer ses sols au semis direct ou simplifié en cas de zones compactées (semelle de labour, semelle intermédiaire, tassement de roues…). C’est avant tout grâce à la couverture permanente des sols (Couverts végétaux/Cultures) et à la prévention du tassement (pneus, charge à l’essieu, mais aussi décalage de chantiers lourds) que l’on obtiendra une amélioration durable de la structure du sol.
Recommandations pratiques : choisir le type de dents pour fissurer
Après un travail du sol, il faut observer l’état des mottes crées, si elles sont de type « gamma », c’est-à-dire friable et très poreuses, elles sont favorables à la création d’agrégats biologiques tandis que si elles sont du type « Delta », très anguleuses, ceci est synonyme de tassement et de manque de porosité.
Comparaison entre trois types de dents
- (Actisol,Duro…) :
Pointe fuyante travaillant quasiment à plat avec un aileron ou une ailette à la base de la dent. La pointe dans le prolongement de l‘étançon peut favoriser une légère remontée de terre et une petite zone creuse. Le faible écartement entre les dents (35cm) permet par ailleurs un travail régulier.
- Dent type « lame courbe ou oblique » avec pointe décalée (Dents « Michel » et « Durou »)
Elle respecte les horizons avec peu de mélange. La fissuration est satisfaisante mais plus prononcée à l’intérieur de la courbe de la dent. On retrouve ainsi une petite zone triangulaire non travaillée à l’extérieur de la courbe de la dent (possibilité de mettre un ergot).
A l’inverse de la dent droite, on retrouve en surface de légères crêtes et le soulèvement est parfois plus prononcé entre les 2 dents centrales. Par ailleurs, il peut y avoir un manque de dégagement entre les dents sur sol encombré.
- Dent type « lame à pointe décalée et étançon incliné (dent brevetée « Agrisem ») :
Elle permet une bonne fissuration sans perturbation des horizons et un bon nivellement de surface (le dégagement entre les dents limite les risques de bourrage). Cependant, l’ergonomie de la dent engendre un léger lissage du sol.
✏ Fabien Humeau – Responsable Agronomie à Cerfrance Vendée
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