Les dégâts sont très variables d’une parcelle à l’autre, en fonction de la violence des averses. Pour les cultures de printemps, l’orientation des rangs peut aussi avoir un effet : accentuation des dégâts lorsque les rangs sont orientés perpendiculairement à la trajectoire des grêlons. Le diagnostic réalisé dans les 24 heures suivant le sinistre est souvent peu propice à de bonnes décisions ; quelques jours de recul permettent de meilleures observations, et un diagnostic plus pertinent et quelquefois moins alarmiste. Laurent Triaux, conseiller en agronomie, fait un point sur les dégâts causés et les impacts sur les cultures.
Globalement les dégâts les plus importants concernent les cultures les plus proches de la récolte (céréales et colza). Le maïs serait la plante qui pourrait le mieux se remettre des dégâts.
Les dégâts sur les céréales :
Le gros du remplissage était terminé dans les orges et blés très précoces. Dans les blés durs et blés tendres, la ½ ou les ¾ du remplissage étaient réalisés. Dans les blés tardifs, de printemps, il s’agissait du 1/3 remplissage.
Conséquences de la grêle sur les céréales :
– Egrenage et coupure d’épis : d’autant plus importants que la culture est précoce.
– Tiges pliées qui limiteront la fin du remplissage (donc plus ou moins selon la précocité de la variété et la date de semis).
– Les dégâts sur feuilles ne devraient pas trop handicaper le peu de remplissage qu’il restait à faire. La qualité des grains pourrait par contre en pâtir.
– Le comptage de la perte de grains et d’épis permet donc d’approcher la perte de potentiel dans les situations précoces où le remplissage était quasiment achevé ; par contre dans les parcelles tardives, le poids des grains sera aussi endommagé.
Selon ces différents critères, il n’est pas rare de voir le potentiel réduit de 40 à 75%.
Colza
De la même façon que pour les céréales, l’ampleur des dégâts sera directement proportionnelle au pourcentage de tiges cassées, et de siliques endommagées (susceptibles d’égrainer avant récolte). De plus, compte tenu de la tardiveté de l’année, le remplissage n’était pas achevé, et il sera donc incomplet sur les plantes pliées et versées.
Tournesol
Le tournesol n’a pas le pouvoir de récupération du maïs, et la sensibilité aux maladies ajoute encore davantage d’incertitudes dans les estimations.
– En cas de tige coupée : rien à attendre
– En cas de bouton détruit : peu à attendre
-les impacts de grêlons, sans destruction sur tige et sur bouton, peuvent accentuer le risque de contaminations cryptogamiques, notamment le sclérotinia (si les conditions humides subsistent). Mais de toute façon, aucun moyen de protection fongicide n’existe.
-les conséquences du « défoliage » pourront être compensées par les nouvelles feuilles, mais avec plus ou moins de succès selon le type de sol, la qualité d’enracinement, et le stade de la culture ; les plantes les plus avancées récupèreront moins de feuillage.
Si les pertes de pieds sont trop importantes, avec une densité < 25000 pieds/ha (seuil estimé par le CETIOM) , il peut être envisagé de ressemer un tournesol très précoce non oléique (Sanluca, SY Impulse, et éventuellement MAS83R, PR62A91), ou une culture fourragère.
Maïs
Les maïs les plus avancés ont à priori davantage de risque de perte. Sur des plantes à moins de 7 feuilles, le bourgeon étant encore au ras du sol, le risque de destruction de l’apex est moins important que sur des plantes à 10-12 feuilles.
Lorsque l’apex n’est pas détruit, les maïs se redressent vite, en 3-4 jours et une nouvelle feuille commence à apparaitre. La perte de potentiel sera étroitement liée à la proportion de plantes où l’œil a été détruit. Dans les cas les plus violents où plus de la moitié des plantes sont mortes, la récolte pourrait être remise en cause.
Quelques exemples d’estimations en se basant sur des données Arvalis :
– Cas avec 10 – 15 % de pertes de pieds et avec des maïs défeuillés qui étaient entre 7 et 10 feuilles : le potentiel peut être réduit grossièrement de 20 à 25%.
– Avec 30% de perte de pied, et la plupart des plantes coupées au plus bas : 30 à 50 % de perte.
– Avec moins de 10% de perte de pied, et des plantes à moins de 7 feuilles : 10 à 15% de perte.
« D’autre part, l’excès d’eau (cumul de 50 – 70 mm avec la grêle puis la pluie les 3 jours qui ont suivi) vient accentuer la situation inconfortable des maïs dans les terres fortes, saturées et parfois mal structurées (grosses terres, marais etc.) » explique Laurent Triaux, conseiller en agronomie chez CERFRANCE Vendée. « Les mauvaises herbes risquent de se développer à nouveau, mais il faudra patienter avant de recourir éventuellement à un nouveau passage herbicide (2-3 feuilles nouvellement sorties) ou, mieux : si le temps permet un ressuyage suffisant, le binage sera d’autant mieux valorisé. En cas de perte trop importante de densité (sous les 40000 plantes/ha), et en espérant un ressuyage suffisant, le semis d’une nouvelle culture fourragère pourra être envisagé. »
Contact : ltriaux@85.cerfrance.f r