La consommation de volailles dans le mode progresse toujours et les indicateurs sont aux verts. En France, les opérateurs doivent faire face à des enjeux importants avec des modes de consommation qui évoluent très vite, une pression sociétale qui entraîne une hausse des coûts de revient dans les élevages et une forte concurrence étrangère. Le confinement a eu aussi des effets très importants sur la consommation de volailles festives.
Stabilité dans les volumes de production en 2019 sauf en canard de chair
- Le niveau d’abattage en volaille de chair a baissé de 1.9 % en 2019/ 2018 avec -2 % en poulet, – 4.3 % en canard gras et – 3.8 % en Dinde
- Les tendances se poursuivent sur les 4 premiers mois de 2020 avec une baisse globale de 2.1 % avec une forte baisse de la production de canard de chair (-12 %) et de pintade ( -10 %). En dinde, la production repart doucement avec + 1.5 %.
- Les mises en place augmentent en poulet avec + 4 % dans un contexte assez porteur mais continuent leurs fortes baisses en canard ( – 11 %) et pintades (-27 %)
Une hausse globale de la consommation en 2019 tirée par la RHD
La consommation globale de volaille a progressé de 1.7 % en 2019 avec une légère baisse sur les achats des ménages et une hausse de la consommation en RHD. Cette tendance s’est bien sur inversée pendant la période de confinement et on ne sait pas encore si elle aura un impact durable sur les habitudes de consommation. La part de poulet entier (PAC) continue de chuter fortement.
En 2019, la hausse de consommation est équivalente à la hausse des importations ce qui montre que recentrer la consommation vers de la volaille française est un objectif difficile à atteindre. Les dernières tendances 2020 montrent une baisse de volaille importée (-11.5 % sur les 12 derniers mois) avec une part dans le volume consommé qui baisse mais reste à plus de 40 %.
Un impact du confinement très fort sur certaines productions
La fermeture des restaurants et l’arrêt des repas de famille dans presque toute l’Europe a entrainé une chute très importante de la consommation en volailles festives : canards, pintade, pigeons, cailles. Les producteurs de volailles démarrés sont aussi en difficultés avec l’arrêt de certains marchés ou jardinerie. La consommation de poulet s’est maintenue avec une réorganisation nécessaire des filières et quelques soucis dans l’équilibre matière. Le COVID a eu aussi un impact sur l’organisation des filières mais il y a eu peu de retard dans l’enlèvement des volailles en général.
Bien-être Animal : une pression de plus en plus forte
De nombreux distributeurs commencent à communiquer sur le BCC (Better Chicken Commitment). Ce cahier des charges initié par des organisations de défenses des animaux en 2017 est basé sur des croissances plus lentes, une diminution de la densité et de la lumière naturelle. L’ITAVI a estimé que ce cahier des charges peut entrainer une hausse des coûts de production de + 27 % en élevage et + 10 % en abattoir (modification des méthodes).
De son côté, l’ANVOL (Nouvelle interprofession regroupant toutes les filières volailles) a un plan ambitieux avec 50 % de volailles en 2025 avec accès à parcours et/ ou lumière naturelle, une limitation des importations de protéines végétales et une réduction des antibiotiques. Elle demande en contrepartie des aides financières conséquentes à l’investissement et l’étiquetage obligatoire pour indiquer la provenance. Les intentions récentes du gouvernement vont dans le sens de relocaliser la production française mais quels seront les moyens mis en œuvre pour atteindre cet objectif ?
Les consommateurs sont-ils prêts à payer le prix de la volaille française ?
Les enquêtes post-confinement montrent que les Français en grande majorité et surtout les plus jeunes veulent consommer plus local et plus responsable mais quel sera l’arbitrage dans un contexte économique plus difficile. Le facteur prix restera important et surtout en consommation hors domicile qui prend une part de plus en plus grande. LDC a annoncé qu’il suspendait pour le moment son projet d’abattoir à Châteaulin (29) qui était prévu pour reconquérir le marché intérieur de la RHD mais il investira dans un abattoir neuf à Bignan (56). Les opérateurs souhaitent dans un premier temps stabiliser le niveau de l’import et s’adapter à l’évolution du marché de consommation.
Seules les marges canards baissent en 2019 en raison de l’allongement des vides sanitaires. Le critère de MB / m² est calculé uniquement sur les surfaces en canard et ne prend pas en compte les mises en place de poulet dans les bâtiments canard avec une marge / m² moins élevée. Les marges dindes progressent de 4 € / m² en 3 ans avec une amélioration technique globale. La marge moyenne Poulet est très stable depuis 5 ans mais elle cache de grande disparité entre les éleveurs.
Les marges poulets bio se tassent de 5 € / m² en 2 ans dans un contexte plus tendu au niveau de l’équilibre offre demande. Les marges poulets label sont stables.
L’EBE est stable avec une hausse des annuités en lien avec les investissements d’où un tassement du revenu disponible qui passe de 21 500 € / UTH en 2018 à 19 700 € / UTH en 2019. Les écarts de revenu disponible sont très importants avec 16 % en revenu négatif et 31 % à plus de 30 000 € / UTH.
Le niveau d’investissement / UTH reste le plus important de toutes les productions agricole en 2019 en lien avec des bâtiments neufs. Les aides des opérateurs, les aides PCAE et le besoin de renouvellement du parc ont dopé les investissements. Depuis quelques mois, les opérateurs sont plus prudents dans le développement dans l’attente d’indicateurs plus clairs sur l’évolution des marchés.