Un marché déséquilibré, une consommation en baisse, des importations en hausse, pression sociétale sur le bien-être animal, la filière veaux a été fortement chahutée en 2019 avec des conséquences plus ou moins directes sur les éleveurs.

La période récente ou la filière affichait une certaine stabilité et était en recherche d’éleveurs semble pour le moment derrière nous.

 La filière veaux peut malgré tout attirer encore des nouveaux investisseurs avec un renouvellement important à prévoir au regard de la pyramide des âges et un travail important sur la réduction des astreintes de travail et la sécurisation des investissements via des contrats.

Plusieurs facteurs pour une conjoncture assez difficile :

La filière française doit faire face à une baisse de la consommation de veaux avec une viande qui a du mal à trouver sa place dans un contexte exposé au bien-être animal et avec une population de consommateurs vieillissante qui se renouvelle peu. La nouvelle réglementation sur les promotions dans le cadre de la loi EGALIM a aussi eu un impact sur les volumes avec moins de promotions possibles.

Face à cette consommation en baisse, l’érosion de la production a atteint 16 % en 8 ans avec des arrêts de producteurs non entièrement remplacés. Mais depuis mi-2018, la baisse de consommation s’est aussi accompagnée d’une hausse des importations de 4 à 5 000 têtes par mois qui sont venues encombrées un marché déjà difficile. Les départs retardés en ferme ont entrainé une hausse des poids d’abattage de l’ordre de 3 kg / veaux malgré le ralentissement des plans d’alimentation

Dans ce contexte, les cours ont chuté en 2019 de 0.60 € / kg soit – 11 % par rapport à 2018 et – 12 % par rapport à la moyenne sur 5 ans. Les cours amorcent une légère hausse depuis la semaine 35 mais l’assainissement total du marché n’est pas espéré avant 2020 avec une légère reprise de la consommation et une baisse des mises en place de 2 %.

Des marges brutes stables depuis 2-3 ans

Il existe deux systèmes différents pour l’élevage de veaux de boucherie en Vendée :

  • Un système dit libre ou l’éleveur achète ses veaux et son aliment
  • Un système à la commission ou l’éleveur n’est pas propriétaire des veaux et l’opérateur paye l’aliment.

Il existe 2 types de contrat à la commission : à l’animal produit ou à la place. Dans ce deuxième cas, les éleveurs sont rémunérés par un fixe par place et par jour même pendant la période de vide. Ce dernier type de contrat permet d’être moins impacté par un allongement des vides.

Certains contrats prévoient que les éleveurs touchent  un bonus en fonction des résultats techniques moyens de plusieurs lots.

Les marges veaux ont progressé il y quelques années afin de compenser la baisse des aides PAC. Elles sont relativement stables depuis 2-3 ans avec une fourchette de Marge Brute de l’ordre de de 100 € à 130 € / veau soit environ de 170 à 220 € / place pour une base de 1.70 veaux / place en moyenne. La crise de 2019 a eu pour effet un allongement important des vides pour certains opérateurs

Quels enjeux pour la filière demain ?

Veaux de boucherie: Enjeux sociétal fort

La pression est forte des associations  pour le bien-être animal. Par exemple, L214 a fait un espace dédié sur son site internet octobre 2019. Malgré les efforts important de la filière depuis quelques années (cages collectives, alimentation à base de fibres), l’élevage de veaux est toujours  critiqué et doit communiquer fortement pour faire connaitre l’évolution de ses pratiques.

Quelle stratégie des Pays-Bas ?

Une part important des opérateurs français sont directement ou indirectement dépendant de firmes importantes des Pays-Bas. L’augmentation des importations de veaux Hollandais a donc été très mal perçue par la filière française qui accuse ces firmes de faire le jeu des éleveurs Hollandais. Le marché Hollandais est sur des veaux plus lourds avec peu de consommation intérieure et beaucoup de production pour l’export.

Des veaux laitiers  de qualité

Un des enjeux de la filière veaux est la disponibilité en veaux laitiers ou croisé de qualité. La faible rémunération des éleveurs laitiers n’incite pas pour le moment à des efforts dans ce sens et des démarches ont été faites en direction des producteurs de lait avec un faible impact pour le moment.

Quelles perspectives pour les éleveurs en 2019 ?

Certains éleveurs ont investis récemment en Vendée avec des outils performants qui permettent d’avoir des résultats techniques correct et avec une pénibilité du travail fortement réduite (chariots pour distribuer le lait, alimentation automatique pour la fibre,  pilotage des bâtiments). Avec ces investissements couteux (de 1 250 à 1 350 € / place soit environ 500 000 € pour 400 places), les éleveurs doivent avoir une certaine garantie de marge / place pour dégager un revenu correct.

Après une période difficile début 2019, le retour à l’équilibre est attendu avec des efforts importants pour relancer la consommation sur l’évolution des modes de consommation (hachée, grillades) mais il faut sans doute être vigilant sur le développement futur à moyen terme.

Eric EGRON – Expert Cerfrance Vendée

Rédigé par notre Expert Cerfrance ✏️