Face à l’épidémie de grippe aviaire qui sévit actuellement et qui impacte un très grand nombre d’exploitations agricoles et d’entreprises, vous êtes nombreux à vous interroger sur le dispositif de l’activité partielle (« chômage partiel ») pour vos salariés.

Le principe de l’activité partielle

L’activité partielle est un dispositif qui permet à une entreprise confrontée à une baisse temporaire d’activité, de faire prendre en charge par l’Etat tout ou partie du coût de la rémunération de ses salariés pour les heures qu’elle ne peut plus leur garantir.

L’activité partielle peut être mise en place pour tous les salariés, qu’ils soient en CDI ou en CDD, à temps plein ou temps partiel, ainsi que pour les apprentis.

Pour chacune des heures qui seront chômées :

  • le salarié percevra de l’entreprise une indemnité dont le montant est calculé sur la base de sa rémunération, avec un minimum de 8,37 € / heure,
  • l’entreprise percevra quant à elle une indemnisation par l’Etat, calculée également sur la base de la rémunération du salarié mais selon un autre taux, avec un minimum de 7,53 € / heure.

Les démarches pour bénéficier de l’activité partielle

Pour bénéficier du dispositif, l’entreprise doit faire une demande sur le portail de l’activité partielle https://activitepartielle.emploi.gouv.fr/aparts/ , demande qui sera ensuite examinée par les services de l’Etat pour validation.

A cette occasion, vous devrez notamment :

  • expliquer les raisons qui vous amène à avoir recours à l’activité partielle (notamment si votre entreprise est touchée de manière indirecte),
  • indiquer la période sur laquelle vous pensez avoir besoin du dispositif,
  • indiquer le volume d’heures que vous pensez ne pas pouvoir garantir à vos salariés.

Pour ces 2 derniers points, dans la mesure où il est difficile de prévoir à l’avance quel sera réellement le besoin, nous vous conseillons de demander le bénéfice du dispositif pour la période la plus longue possible et le nombre d’heures maximum.

Ensuite, chaque fin de mois, vous irez déclarer les heures qui auront été réellement chômées pour bénéficier de leur remboursement.

Les 2 dispositifs d’activité partielle

Avec la crise du COVID, le dispositif de l’activité partielle a été modifié et propose désormais 2 dispositifs différents :

  • l’activité partielle dite « classique » : AP
  • et l’activité partielle de longue durée : APLD
  1. L’activité partielle classique

Elle peut être demandée pour une période de 3 mois, renouvelable 1 fois, soit 6 mois au maximum.

Elle doit être demandée au plus tard dans les 30 jours qui suivent le début de la perte d’activité.

La réduction d’activité peut être partielle ou totale (dans le cas où votre salarié ne travaille plus du tout)

Il n’y a aucune démarche particulière à réaliser sauf à en faire la demande sur le site.

L’indemnisation du salarié est de 60% de son salaire brut, soit environ 72% de son salaire net, avec un minimum de 8,37 € par heure chômée.

L’indemnisation de l’entreprise est de 36% de la rémunération, avec un minimum de 7,53 € de l’heure.

NB : Pour un salarié payé au SMIC, il n’y a aucune perte de salaire et le reste à charge pour l’entreprise est de moins d’1 € par heure chômée.

  1. L’activité partielle de longue durée

Elle peut être demandée pour des périodes de 6 mois, renouvelables dans la limite de 24 mois.

La réduction d’activité est limitée à -40% de la durée légale sur la période d’application du dispositif.

Le recours à l’APLD nécessite qu’il y ait préalablement un accord collectif qui en définit les modalités d’application :

  • Soit un accord d’entreprise conclu avec les salariés et validé par les services de l’inspection du travail,
  • Soit une décision unilatérale de l’employeur mais uniquement si un accord de branche a été préalablement négocié par les partenaires sociaux et étendu.

L’indemnisation du salarié est de 70% de son salaire brut, soit environ 84% du salaire net, avec un minimum de 8,37 € par heure chômée.

L’indemnisation de l’entreprise est de 60% de la rémunération, avec un minimum de 7,53 € de l’heure.

En contrepartie de l’APLD, l’entreprise prend un engagement de formation et de maintien de l’emploi. Si l’entreprise procède à un licenciement pour motif économique, il lui sera demandé de rembourser les aides perçues.

NB : L’indemnisation de l’employeur au titre de l’APLD, comparée à celle de l’AP, ne sera réellement plus avantageuse que pour les rémunérations supérieures à 12,55 € / heure, du fait des montants minimums versés.

En synthèse

 APAPLD
Durée maximale6 mois24 mois
Réduction d’activité maximale100 %40 %
Formalités préalablesaucuneaccord collectif
Indemnisation du salarié60% (avec minimum de 8,37 €/h)70% (avec minimum de 8,37 €/h)
Indemnisation de l’employeur36% (avec minimum de 7,53 €/h)60% (avec minimum de 7,53 €/h)
Engagementsaucunformation & maintien de l’emploi

Nos conseils

A l’heure où nous écrivons cet article, aucun accord de branche n’a encore été publié pour permettre aux éleveurs de demander l’APLD sur la base d’une simple décision unilatérale.

Si des négociations ont été évoquées ou sont peut-être désormais en cours, aucun délai n’a encore été officiellement annoncé.

Dans l’immédiat, nous vous conseillons donc de solliciter le bénéfice de l’activité partielle classique. Il vous sera toujours possible par la suite de changer de régime et de demander le bénéfice de l’APLD.

Par ailleurs, pour les entreprises de secteurs d’activités impactés de manière plus indirecte (transporteurs, transformateurs, vendeurs…), et pour qui il est peu probable que les partenaires sociaux négocient un accord spécifique, ou celles qui ne veulent pas attendre et demander dès à présent l’APLD, il convient alors que vous négociez votre propre accord d’entreprise, et que vous le déposiez auprès des services de la DREETS afin de pouvoir faire ensuite votre demande.

Vous noterez qu’au moment de la saisie de votre demande d’APLD, il vous sera demandé de joindre le fichier informatique de l’accord collectif signé.

Enfin, face aux tensions que nous connaissons sur le marché de l’emploi, il est possible pour les entreprises qui le souhaitent, de garantir la rémunération de leurs salariés à 100% sans perte de salaire et au-delà de l’indemnisation normalement prévue.

Ce complément de rémunération sera traité en paie comme une « prime » et soumis à cotisations sociales.

Nous vous proposons un webinar le jeudi 21 avril de 14h à 14h30 sur le sujet : « Grippe aviaire : point sur les dispositifs de l’activité partielle » Animé par Kévin Tortil, Directeur du service Employeurs de Cerfrance Vendée.

Rédigé par notre Expert Cerfrance ✏️