Dans un contexte laitier actuellement favorable, les producteurs de lait peaufinent leur stratégie.
Elle peut être fondée sur la productivité ou orientée vers une plus grande autonomie ou sur la recherche de valeur ajoutée comme le lait bio par exemple.
Le lait dans une conjoncture plus favorable depuis 2 ans
Le prix du lait s’est stabilisé depuis deux ans. Pour les clôtures 2018, le prix payé aux éleveurs est équivalent à la moyenne sur 5 ans, 343 €/1000 l. Le marché du lait est soumis aux aléas de conjoncture, la volatilité du prix du lait reste d’actualité.
L’Excédent Brut d’Exploitation (EBE), 53 000 € par UTH exploitant (UTHe), progresse de 3 500 € sur 2018. L’amélioration du prix du lait compense une augmentation de postes de charges de structure.
Après avoir couvert les charges de remboursement, l’EBE permet de dégager en moyenne, un revenu disponible de 24 000 € par UTHe. Celui-ci est alloué aux prélèvements privés et à l’autofinancement. Bon nombre d’exploitations ne dégagent pas de capacité d’autofinancement nouveau positive en 2018. Les trésoreries ne se sont donc pas redressées.
EBE 53 059 € | EBE / En €/UTHe |
– 28 753 € | Annuités : 27 841 € Frais financiers CT : 912 € |
= 24 306 € | Disponible pour prélèvements privés et autofinancement |
De l’EBE au revenu disponible – CERFRANCE Vendée 2018
Une reprise des investissements
L’amélioration de la conjoncture laitière favorise la reprise des investissements qui s’accentue sur 2019. Selon l’observatoire de l’atelier des études économiques CERFRANCE Normandie –Pays de la Loire, ce sont les investissements matériels qui bénéficient de cette relance.
A la recherche de revenu disponible
Plusieurs stratégies se dessinent, illustrations avec deux situations :
- plus d’EBE avec plus de dimension,
Les exploitations dégageant le meilleur EBE par UTH s’avèrent de plus grande dimension, en surface comme en taille de troupeau. Elles fonctionnent avec une productivité du travail élevée. L’écart de volume de lait produit entre les deux groupes extrêmes est de + 415 000 litres par exploitation et plus de 120 000 litres par UTH.
Les élevages du ¼ supérieur affichent une marge brute plus élevée de 21 €/1000l. Les résultats économiques sont associés aux performances technico-économiques de l’atelier lait.
Un besoin en équipement accompagne ces structures de taille importante. Les charges de structure par UTH et le capital par UTH sont nettement plus élevés dans ce groupe de tête à plus forte productivité du travail. Les charges de mécanisation/UTH comme les charges de structure globales sont doublées entre les deux groupes extrêmes. Le volume de lait ou la surface viennent diluer ces charges de structure mais ramenées à l’unité, il n’est pas observé d’économie d’échelle.
Plus d’EBE n’est pas toujours synonyme de plus de revenu disponible. Le niveau d’investissement et d’engagement financier sont déterminants sur le revenu disponible dans les exploitations de grande dimension et la charge de remboursement y est importante.
L’organisation du travail est fondamentale dans ces structures.
Cette stratégie vers des débouchés sans différenciation implique de maîtriser ses coûts de production sans occulter les attentes sociétales.
Comparaison EBE par UTH exploitant
- Des systèmes économes,
Pour l’analyse des systèmes laitiers économes, nous retenons les élevages orientés vers une plus grande autonomie alimentaire. Sont retenus pour l’analyse, les élevages ayant un coût alimentaire inférieur à 60 €/1000 l (concentrés + fourrages). Il est important de noter qu’il n’est pas effectué de tri sur l’EBE au sein de cet échantillon.
Un bon niveau de performances technico-économiques est observé chez ce groupe des « économes en concentrés », l’EBE atteint 188 € / 1000 l contre 152 €/1000 l pour la moyenne des élevages.
Ce groupe se caractérise par un chargement plus faible et moins de lait produit par vache. Globalement les charges sont mieux maîtrisées : charges opérationnelles (concentrés et frais d’élevage) comme charges de structure (charges de mécanisation : – 7 400 € / UTH).
Le capital engagé est plus modéré pour le groupe des économes en concentrés, leur accordant en moyenne un revenu disponible au-dessus du groupe tous systèmes.
Comparaison coût de concentrés /1000 l
Martine POUPARD – conseillère CERFRANCE Vendée – spécialiste lait